Retour sur mon accouchement et mon séjour à la maternité. Servez vous un thé et prenez une couverture, je n’ai jamais autant écrit !
Comme je vous le disais dans mon article sur ma grossesse, nous nous sommes rendus aux urgences de La Pitié Salpêtrière dimanche 9 février à 11h00. Je n’avais pas dormi de la nuit, je n’ai pas déjeuné ce dimanche matin, j’étais angoissée et déjà un peu triste que mes idéaux sur mon accouchement s’envolent… Je rêvais de partir à la maternité détendue, de bonne humeur, en rigolant, avec bien sûr des contractions un peu douloureuses. J’ai rêvé vivre ces moments avec Lex, ma sœur et mon beau-frère, comme l’aboutissement de notre colocation pour ma grossesse. Mais tout a été différent.
J’ai accouché à la Pitié Salpêtrière à Paris sur les conseils de ma cardiologue (de l’hôpital européen Georges Pompidou qui n’a pas de service maternité) car cet hôpital était d’après elle le plus apte à soigner non seulement le bébé mais aussi la maman. Je lui fais entièrement confiance mais si vous saviez comme j’ai été déçue de mon suivi et des conditions d’accueil des RDV ! Je me suis demandée, à plusieurs reprises, si j’avais fait le bon choix. La gynécologue qui me suivait était rarement disponible, j’ai donc été suivie principalement par les sages-femmes. Les 3 rendez-vous que j’ai eu ont été quelque peu chaotiques. C’est triste de voir que l’humanité a quitté certains hôpitaux surchargés. Elles ont été vraiment antipathiques, n’avaient jamais le temps. Je vous épargne les détails au risque de vous choquer. C’est donc avec une grande appréhension concernant ma prise en charge à la maternité que nous nous sommes rendus aux Urgences.
Dès mon arrivée, on me fait une « mini échographie » pour voir si bébé est bien vivant (ça a duré 2 secondes). Je trouve ça vraiment bien, cela me rassure d’emblée, il est en vie et bouge bien. Ensuite on me fait quelques examens et puis comme il y avait beaucoup de monde on m’envoie à l’étage, aux explorations fonctionnelles (c’est le début du grand spectacle), là où j’étais suivie en temps normal. Je retrouve donc la sage-femme qui m’avait dit que j’allais accoucher 15 jours avant. Elle me fait un monitoring, une échographie. Elle demande l’avis d’un médecin urgentiste et le verdict tombe, diabète gestationnel, mon cœur, terme atteint… soit on me déclenche dans la journée, soit on me donne RDV pour le lendemain matin, il ne faut plus attendre.
Si on ne me fait rien dans la journée, je n’ai pas envie de rester à l’hôpital. Comme beaucoup, je déteste les hôpitaux qui sont beaucoup trop anxiogènes pour moi. Mais non, ils veulent me garder, j’allais être prise en charge dans la journée, on allait déclencher l’accouchement vers 18h.
On me demande donc de descendre pour faire les papiers, puis de monter puis de redescendre, puis de remonter. Les résultats de mes examens sanguins, mon dossier se perdent en chemin, puis l’équipe d’en bas insulte l’équipe d’en haut et vice versa. UNE BLAGUE, je suis enceinte de 9 mois, je suis stressée et je dois subir tout ça.
On me donne une chambre, je dois rester à jeun jusqu’à l’accouchement. Je n’ai donc rien dans le ventre depuis la veille au soir. Il faut savoir que je suis très sensible à l’estomac vide. Je me sens faible et mal dès que je n’ai rien dans le ventre.
Bref, on passe la journée à attendre, et puis vers 20h on m’annonce que je ne vais pas accoucher ce jour mais le lendemain matin à 7h car il y a eu trop d’urgences. En soi, je peux comprendre, mais j’étais déjà tellement stressée, fatiguée que je m’énerve. J’aurais préféré être chez moi à attendre… Du coup j’ai le droit de manger pour prendre des forces pour le lendemain matin, youpiiii on m’apporte des carottes à l’eau, avec ça j’allais en avoir de la force.
Après 22h, plus le droit de manger, en même temps je ne vois pas ce que je pouvais manger !
Une deuxième nuit blanche plus tard, on vient nous chercher à l’heure prévue pour descendre en salle de travail.
L’équipe en salle de travail est GÉNIALE, DIEU MERCI. On me pose la péridurale (je n’en voulais pas mais je n’ai pas eu le choix). Vers 9h00 on m’injecte le produit pour déclencher les contractions. TIC TAC, c’est parti, j’allais bientôt tenir mon bébé dans les bras. Je suis sereine, à mon grand étonnement. Je veux être forte pour Lex et pour mon bébé.
Je n’ai toujours pas le droit de manger (forcément) mais je peux boire des boissons sucrées alors j’enfile les ICE TEA. Je souffre de me sentir faible.
Vers 11h les sages-femmes défilent, me demandant de me tourner à gauche puis à droite car « bébé n’a pas l’air d’aimer cette position ». Elles sont rassurantes mais je commence à me poser des questions. Puis je comprends. Le cœur de bébé ralentit lors des contractions… Lex passe son temps à regarder le monitoring pour suivre le rythme cardiaque de bébé. Je ne stresse toujours pas plus que ça. Mais vers 13h, 4 médecins et 2 sages-femmes viennent dans la chambre pour voir si bébé a des ressources ou si on doit procéder à une césarienne. C’était assez impressionnant surtout qu’on ne s’y attendait pas. Ils ont prélevé une goutte de sang dans la tête de bébé in utero. Je veux être forte et rassurante pour Lex qui ne comprend pas trop ce qu’il se passe. J’ai confiance en mon bébé depuis le début, je sais qu’il est fort et j’ai confiance en nous deux.
Les résultats sont bons, Bébé a des ressources mais il ne faudra pas attendre beaucoup plus longtemps. Par chance, ou grâce à notre bonne étoile, mon col est ouvert à 8.
Vers 14h je dois faire quelques poussées pour faire descendre Bébé dans mon bassin. Vers 14h50 on commence le travail alors que bébé n’est pas totalement engagé dans le bassin. J’ai plus ou moins tout ressenti, c’est ce que je voulais. Je n’ai pas appuyé une seule fois sur la péridurale et par chance, une coupure d’électricité à fait sauter la machine qui ne m’a pas injecté la dose minimum pendant plus de 4h (juste avant d’accoucher).
J’ai dû pousser d’abord pendant les contractions puis comme les sages-femmes n’arrivaient plus à capter le cœur de Bébé avec le monitoring j’ai dû pousser hors contractions aussi, il fallait faire vite.
C’est incroyable ce que la nature peut faire, c’est incroyable cette force qui nous vient du ciel pour donner LA VIE. On l’a fait, après 6h30 de travail, à 15h10 nous rencontrions Jacob, à 15h10 il n’était plus en moi, il était sur moi. C’était de loin, le plus beau moment de notre VIE.
Je serai toujours reconnaissante envers la formidable équipe que j’ai eue ; à AUCUN moment elles ne m’ont fait ressentir leurs inquiétudes, elles ont toujours eu des mots doux, encourageants, m’ont félicité de mon « bon travail » après l’accouchement… J’ai eu un accouchement parfait, vraiment.
Mais c’est après que le cauchemar a commencé : MON cauchemar.
30 minutes après la naissance, Jacob et Lex sont partis dans une autre pièce pour les premiers soins. On pose des électrodes sur le petit corps de Jacob pour vérifier son cœur.
Et là, c’est le VIDE. Je suis seule, sans force dans la salle de travail pendant 2 heures. Le temps me paraît une éternité. Je ne comprends pas trop ce qu’il se passe. Je suis heureuse et triste à la fois. D’une VIE nous faisions maintenant DEUX. Je l’ai porté pendant 9 mois et puis plus rien, je suis seule et je me sens VIDÉE, dans tous les sens du terme. Je ne me suis jamais sentie aussi bien qu’enceinte alors c’est dur, dur de se dire que c’est fini et que dorénavant, je ne peux plus le protéger aussi bien hors de moi que dedans.
Après 2h je dois m’habiller seule puis on me met sur un fauteuil roulant. Je dis à la sage-femme que ma famille nous attend et là c’est le drame. Elle me dit, « mais votre famille ne pourra pas voir Jacob, il sera à la nurserie sous surveillance pendant 48H ». Je ne comprends pas et je tombe de 2kms de haut. Lors d’un RDV avec ma gynéco, elle m’avait dit « On surveillera la glycémie de votre bébé pendant 48h à cause de votre traitement pour le cœur » et là, j’aurais dû comprendre que je n’allais pas avoir mon fils avec moi. Je n’ai plus de force, pourquoi ne m’a t’on pas dit tout ça avant ? Je me serais préparée. Je suis dépitée et je dois annoncer à Lex et à ma famille que nous n’aurons pas notre fils avec nous.
Il est à la nurserie ( qui sert aussi de bureau) au milieu du couloir de la maternité, là où tout le monde va et vient mais ma famille ne peut pas aller le voir. Je me fais une raison, après tout c’est pour son bien.
À 23h, Jacob est en hypoglycémie et il ne veut pas boire. La pédiatre prend la décision de le prendre en néonatalogie. Beaucoup trop d’émotions pour moi dans une seule journée. Je veux aller avec lui, pas de possibilité d’aller en chaise roulante ( il n’y en a pas tout simplement). Ce service est dans un autre bâtiment et il faut passer par l’extérieur. Une fois de plus, une force surnaturelle m’envahit. Je ne peux pas marcher mais j’y vais, je ne peux pas laisser mon fils partir seul.
Jacob fait 2kg810, un petit bébé mais il est déjà fort. On nous explique ce qu’il va se passer. Finalement, je préfère le savoir en néonat bien surveillé plutôt qu’en plein courant d’air à la maternité. Nous pouvons y aller quand on veut, jour et nuit. Il doit boire toutes les 3h. On y va donc toutes les 3 heures. Vraiment dommage que le service ne soit pas à proximité tout au moins dans le même bâtiment que la maternité. C’est un hôpital public vraiment sans moyens. Pour exemples : chambre dénudée avec le strict minimum, douche (si on peut appeler ça des douches) sale, repas servis dans des barquettes et avec couverts en plastiques, pas de fauteuils roulants, pas une chaise supplémentaire, pas de lit pour le papa, etc…et surtout pas de personnel !
Je ne vais pas rentrer plus dans les détails. Jacob est en « bonne santé ». C’est le fait que nous soyons séparés de lui, le fait de priver Lex de son fils et vice versa qui me rend malade.
Je culpabilise, tout est de ma faute, c’est trop dur pour moi de le savoir seul, de le laisser seul. C’est trop dur d’aller et venir. Je ne dors pas, je ne mange pas. Il passe 6 jours en néonat. Les pires jours de ma vie. C’est déjà difficile de réaliser que l’on devient maman mais encore plus lorsque votre fils n’est pas avec vous. On entend toujours dire que c’est inné que dès la naissance « BAM » tu deviens SUPER MAMAN, et moi non ? Du coup c’est encore pire, je me sens encore plus nulle.
Quand on parle de baby blues, je m’attendais à un petit sentiment de manque de la grossesse mais WAWWW, je me suis pris un camion, un train, un avion, un mur dans la tronche. Je n’étais pas prête à ça.
J’ai fait une déprime de première catégorie. J’ai remis ma vie en question. Je n’avais plus envie de rien. Je me sentais nulle. J’étais fatiguée, j’avais l’impression d’être une mauvaise mère, une mauvaise femme, de ne pas être à la hauteur. Et puis les douleurs du passé ont fait surface, ma pauvre famille qui a souffert à cause de moi lorsque j’étais bébé, et moi (?) …
Une semaine entre 4 murs (et je ne vais pas me plaindre ici de la chambre austère) avec des allers-retours en néonat’, des nouvelles pas toujours bonnes, 1 semaine de nuits blanches (dormir à 2 dans un lit 1 place pendant 1 semaine c’est dur), de douleurs physiques et psychologiques.
Je ne voyais pas la lumière au bout du tunnel. Dieu Merci j’ai été bien entourée. MERCI ENCORE À TOUS CEUX QUI M’ONT DONNÉ LE COURAGE, LA FORCE D’AVANCER.
Merci à mon SUPER MARI qui a été le meilleur des Papas, des Maris… Je t’aime encore plus qu’hier et moins que demain.
J’ai mis un peu de temps à m’en remettre mais le temps apaise les maux. On apprend de nos expériences. On en sort grandi. Parfois je m’en veux de ne pas avoir su profiter de mon séjour en maternité, de ne pas avoir vu la chance que j’avais d’avoir un bébé en bonne santé , de ne pas avoir su relativiser. Maintenant j’ai compris et je remercie la VIE de m’avoir fait le plus beau cadeau au MONDE.
L’amour peut bouger des montagnes. Je n’ai jamais douté d’une chose, de l’amour que j’avais pour ce petit bout. Il n’était pas encore né que je l’aimais plus que tout mais dès le moment où je les vu, touché … j’ai compris tout le sens de l’expression « mourir d’amour ».
Je ne veux faire peur à personne. C’est mon expérience. Chaque accouchement est unique. Chaque bébé est unique. À toutes les Mamans, à tous les Papas, à toutes les familles, vous êtes des SUPER-HÉROS.
Mes indispensables MATERNITÉ
Pour MAMAN
– des vêtements confortables
– des produits de soin pour le visage, le corps
– des snacks & boissons
– le coussin d’allaitement (même si vous n’allaitez pas)
– un plaid pour se sentir comme à la maison
– chargeur de téléphone
Pour BÉBÉ
Je vous embrasse,
Prenez soin de vous, restez chez vous.
MERCI À TOUS CEUX QUI PRENNENT SOIN DE NOUS.